Alors que la fin de l’ARENH est programmée pour le 31 décembre 2025, EDF a présenté lors d’une réunion d’information les grandes lignes de ce changement majeur pour les entreprises. Un point d’étape essentiel pour comprendre les nouvelles règles du jeu énergétique.
Dans un contexte marqué par la volatilité des prix de l’énergie, les entreprises se trouvent à l’aube d’un changement structurel majeur. Le dispositif de l’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique), qui permettait depuis 2011 aux fournisseurs alternatifs d’accéder à une part de la production nucléaire historique à prix régulé, s’apprête à disparaître. Cette fin annoncée, effective au 31 décembre 2025, ouvre une nouvelle ère pour les consommateurs professionnels.
À l’occasion d’un petit déjeuner d’échange, EDF a réuni plusieurs entreprises du territoire pour clarifier les impacts de cette transition et présenter les nouveaux mécanismes proposés. Une rencontre technique mais accessible, qui visait à éclairer les décisions à venir.
Un dispositif central en voie d’extinction
L’ARENH avait été mis en place dans le cadre de l’ouverture à la concurrence du marché de l’électricité. Il offrait aux fournisseurs alternatifs la possibilité d’acheter jusqu’à 100 TWh d’électricité nucléaire par an à un tarif réglementé, initialement fixé à 42 €/MWh. Ce mécanisme permettait aux entreprises clientes de bénéficier, par ricochet, de prix stables sur une partie de leur consommation.
Or, avec la montée en flèche des prix de l’énergie sur les marchés de gros à partir de 2022, notamment sous l’effet de la crise énergétique européenne, ce modèle a montré ses limites. Le prix régulé s’est retrouvé très en deçà des valeurs de marché, créant une distorsion et des tensions sur le système. C’est dans ce contexte que les pouvoirs publics, en concertation avec les opérateurs historiques, ont acté la sortie progressive de l’ARENH.
Des offres de moyen terme pour anticiper
Pour pallier la disparition de ce dispositif, EDF met en place de nouvelles offres dites de « moyen terme ». Ces contrats permettent aux entreprises de s’engager sur des périodes allant jusqu’en 2030, avec un prix fixé à l’avance pour leur fourniture d’électricité.
Cette proposition vise à répondre au besoin de visibilité exprimé par les chefs d’entreprise, notamment les industriels et les structures fortement consommatrices d’énergie. L’enjeu est de permettre une stabilisation des coûts d’exploitation, dans un contexte où les prix de l’électricité peuvent varier fortement d’une année sur l’autre.
Néanmoins, ces offres ne sont pas sans contrepartie. Le prix fixé à la signature reste valable pendant toute la durée du contrat, même si le marché venait à baisser. Il s’agit donc pour chaque entreprise d’un pari sur l’évolution future du marché de l’énergie. Une analyse fine de la conjoncture et des projections est donc recommandée avant de s’engager.
Retour au tarif réglementé : un dispositif ciblé
Autre information majeure livrée lors de la réunion : le retour possible, depuis le 1er février 2025, aux tarifs réglementés pour certaines structures. Ce mécanisme ne concerne toutefois qu’un périmètre restreint. Sont éligibles uniquement les entreprises de moins de 10 salariés et réalisant un chiffre d’affaires ou un bilan inférieur à 2 millions d’euros. Les collectivités locales peuvent également en bénéficier.
Un point de clarification a été apporté sur le calcul des effectifs : l’ensemble des salariés, y compris les apprentis, doit être pris en compte. Une précision importante, car elle peut faire basculer certaines entreprises au-dessus du seuil et donc les exclure de ce régime plus protecteur.
Ce retour au tarif réglementé vise à sécuriser les plus petites structures face aux incertitudes tarifaires. En contrepartie, ces tarifs sont moins flexibles que les offres de marché et peuvent inclure des hausses décidées par les autorités régulatrices.
L’amortisseur de prix : une mesure de soutien complémentaire
Parallèlement à ces dispositifs, le gouvernement met en place un amortisseur de prix destiné à lisser les effets des hausses les plus brutales. Il s’agit d’un mécanisme de soutien financier intégré directement dans la facture, sous la forme d’une taxe négative appliquée aux clients concernés.
Cet amortisseur, déjà expérimenté dans d’autres contextes depuis 2023, a pour but de limiter les impacts directs des flambées tarifaires sur la trésorerie des entreprises. EDF précise toutefois qu’il s’agit d’un outil temporaire, appelé à évoluer en fonction du niveau de tension sur les marchés.
Un marché encore instable
Malgré une accalmie relative depuis le pic de la crise énergétique en 2022, les prix de l’électricité demeurent volatils. Les intervenants ont rappelé que le marché reste fortement influencé par des facteurs extérieurs comme la géopolitique, le prix du gaz, ou encore les conditions météorologiques affectant la production renouvelable.
Dans ce contexte, les offres à prix fixe peuvent apparaître comme une solution de stabilité, mais leur pertinence dépend de la capacité des entreprises à anticiper l’évolution des cours. Les experts présents ont recommandé une veille régulière des marchés et, si possible, l’accompagnement par des conseillers énergie pour prendre des décisions éclairées.
Des investissements nécessaires pour un réseau plus résilient
Au-delà des questions tarifaires immédiates, la réunion a également permis d’aborder les perspectives à long terme du secteur. EDF a insisté sur les investissements massifs en cours pour moderniser le réseau électrique national. Objectif : le rendre plus flexible, plus résilient, et capable d’accueillir les nouvelles productions d’énergie renouvelable.
Cela passe par le développement du stockage, la numérisation du réseau, et la montée en puissance des capacités d’adaptation à la demande. Ce virage est indispensable pour accompagner la transition énergétique et répondre aux objectifs nationaux de neutralité carbone à l’horizon 2050.
Les entreprises sont appelées à jouer un rôle dans cette dynamique, en adaptant progressivement leurs usages : flexibilité de la consommation, autoconsommation, ou participation aux dispositifs d’effacement.
Conclusion : un cadre à redéfinir, une stratégie à bâtir
La fin de l’ARENH n’est pas un simple ajustement technique. Elle marque un changement profond dans la manière dont les entreprises accèdent à l’énergie, fixent leurs coûts, et s’engagent à long terme. Dans cette nouvelle donne, chaque structure est invitée à repenser sa stratégie énergétique.
Pour les plus petites entreprises, le tarif réglementé offre une bouée de sécurité. Pour les autres, les offres de moyen terme peuvent constituer une opportunité, à condition d’être évaluées avec rigueur. Dans tous les cas, l’accompagnement et l’information restent les clefs d’une transition réussie.
Alors que la France poursuit sa transformation énergétique, les entreprises sont au cœur de l’enjeu. Et la compréhension fine des outils à disposition est aujourd’hui un levier de résilience, voire de compétitivité.